Motiver le public
Une initiation au flambage des crêpes intéresse naturellement davantage de personnes qu’un atelier sur les techniques de découpe des légumes. Mais méfie-toi des apparences ! Pour motiver le public, les méthodes d’apprentissage sont tout aussi importantes que le contenu. Il est possible de rendre l’atelier de découpe des légumes très attractif alors que celui de flambage des crêpes est ennuyant à mourir.
Lorsque tu partages tes connaissances, il est important de recourir à certains leviers pour susciter l’intérêt de tes apprenant·e·s. Dans cette partie, tu vas découvrir ces leviers et comment y recourir pour motiver ton public.
Garde à l’esprit qu’un·e apprenant·e motivé·e est un·e apprenant·e… qui apprend !
Ma fiche outil
Comment appliquer cette pratique ?
Tu souhaites améliorer tes pratiques en matière de motivation des apprenant·e·s ? Ou simplement découvrir quels sont les moyens efficaces d’intéresser les plus distrait·e·s ? Tu es au bon endroit !
Découvre ici comment organiser ton contenu pour qu’il intéresse au maximum ton public.
Commençons par une activité : Emma est pâtissière depuis 35 ans. Autrement dit, les desserts, elle connait. Parallèlement à la gestion de sa boulangerie, elle écrit un livre à destination d’apprentis pâtissiers. Il s’intitule “L’Emma’nuel de cuisine”. Elle vient de terminer le chapitre sur les gaufres, mais elle aurait besoin d’une relecture. Les gaufres, c’est un peu banal et elle n’est pas certaine que les lecteur·rice·s s’intéresseront à cette partie. Pourtant, ils devraient car Emma est convaincue que ses gaufres sont les meilleures de Belgique.
En échange d’un chou à la crème, tu acceptes de lui faire la relecture.
Tu trouveras dans cette recette sept facteurs de (dé)motivation. Repère-les et compare tes réponses avec le tableau ci-dessous.
Préparation
Tranquille : 30 min
Roi de la gaufre : 15 min (seuls les plus téméraires oseront)
Ingrédients (pour 6 personnes) :
375 gr de farine
22 cl de lait tiède
1 sachet de levure
2 oeufs
1 sachet de sucre vanillé
150 gr beurre
100 gr de sucre perlé
1 pincée de sel
Etape 1
Prenez la farine et faites en un mich-mach avec le sucre vanillé et une pincée de sel, faites une fontaine et cassez les oeufs au centre.
Stop! On s’arrête 10 secondes et on vérifie qu’on a bien fait tout comme il faut.
C’est bon ? Parfait. On est reparti !
Mélangez le sachet de levure avec le lait tiède (le lait tiède permet de faire prendre la levure plus rapidement) et ajoutez-le au mélange farine-sucre-oeufs. Mélangez bien à l’aide d’une cuillère à soupe ou d’une spatule : la pâte doit être assez compacte. Laissez reposer 30 minutes à chaleur ambiante et à l’abri des courants d’air.
Etape 2
Ajoutez ensuite le beurre fondu et le sucre perlé, mélangez bien pour que les deux ingrédients soient bien incorporés. La pâte va se détendre un peu. Laissez reposer au moins 20 à 30 minutes avant de l’utiliser ou plus.
Etape 3
A taaaaaaaable!
Correctif
“Stop!…”
L’apprenant·e est amené·e à faire une pause sur les actions qu’il·elle vient de poser. Ce faisant, il·elle peut se situer et toujours garder la mainmise sur son apprentissage. Il·elle sait où il·elle en est.
“Ajoutez le beurre fondu et le sucre perlé,…”
L’apprenant·e sait concrètement ce qu’il·elle doit faire. De cette manière, il·elle ne perd pas de temps ni d’énergie pour comprendre les informations qui lui sont transmises.
Explication du lait tiède (pourquoi du lait tiède ?)
L’apprenant·e perçoit du sens dans les actions qu’il·elle pose. En comprenant ce qu’il·elle fait, il·elle pourra mieux l’appliquer à nouveau par la suite.
Mode “Roi de la gaufre”
Un défi est proposé à l’apprenant·e. Pour le réaliser, il·elle va devoir être particulièrement attentif·ve et efficace dans les actions à poser. Il·elle sera donc plus impliqué·e dans son apprentissage.
A taaaable ; “Pour les nuls”
Les émotions positives facilitent l’apprentissage.
“Faire un mich-mach,…”
Que signifie le mot “mich-mach” ? Ce n’est pas clair et l’apprenant·e pourrait se tromper dans ses actions ou perdre du temps pour comprendre ce qu’il·elle doit faire.
“Faire une fontaine” ; “Pâte qui se détend”
La recette est destinée “aux nuls”. Il faut donc leur demander de poser des actions adaptées à leur niveau. Il y a peu de chance qu’un·e novice comprenne le terme “fontaine” dans un contexte culinaire.
Méthodologie
La motivation du public repose sur 4 piliers :
- Le sentiment de compétence (Suis-je capable de réussir ?)
- Le sentiment de plaisir (Ai-je de la satisfaction dans ce que je fais ?)
- La perception de valeur (Ai-je trouvé un sens dans ce que je fais ?)
- La perception de contrôle (Ai-je mon mot à dire dans ce qu’on me propose de faire ?)
Plus ces piliers sont développés, plus les apprenant·e·s sont motivé·e·s.
Un public motivé est un public qui :
- accorde du temps à l’apprentissage, il est persévérant.
- est concentré et attentif pendant son apprentissage
- réussit, qui apprend
Les principes ci-dessous permettent de développer les quatre piliers dans une expérience d’apprentissage :
Comment mettre cela en oeuvre ?
- Challenger le public
- Donner des consignes claires
- Encourager le public
- Adapter le niveau au public
- Donner un feedback au public
Comment mettre cela en oeuvre ?
- Autoriser plusieurs pistes pour atteindre le résultat
- Laisser le public prendre des décisions
- Donner la possibilité d’agir au public
- Laisser le public expérimenter
- Responsabiliser le public dans son apprentissage
Comment mettre cela en oeuvre ?
- Recourir à l’humour
- Être bienveillant
- Varier les tâches à effectuer
- Employer un ton décontracté
- Recourir au jeu
- Varier les supports
Comment mettre cela en oeuvre ?
- Éviter l’abstrait dans les explications
- Déterminer explicitement les objectifs
- Donner du sens aux activités
- Mettre de côté le contenu superflu
- Recourir à des situations réalistes
- Agencer le plan de manière logique
Nos conseils
- Mets-toi dans la peau de ton public cible et questionne-toi à travers les 4 piliers.
- A leur place, prendrais-je du plaisir ? Percevrais-je le sens de ce que je fais ? Me sentirais-je acteur·rice de mon apprentissage ? Me sentirais-je suffisamment compétent·e pour poser les actions demandées ?
- Ensuite remets-toi dans ta peau de concepteur·rice pédagogique et demande-toi ce que tu as mis en place.
- Le questionnement des piliers peut intervenir au niveau micro (à travers chaque activité que tu conçois) et au niveau macro (en évaluant l’ensemble de ton contenu).
- Observe tout ce que tu as déjà mis en place et sois en fier·ère.